L’Aïd est une fête (c’est d’ailleurs la traduction exacte de
ce mot en arabe), la fête familiale par excellence, sans aucun doute la plus
importante pour les musulmans.
Le sacrifice du mouton rappelle le sacrifice d’Ibrahim
(Abraham) prêt à sacrifier son propre fils avant que Dieu, qui cherchait à
tester sa foi, n’intervienne et ne le remplace par un bélier.
Ce texte que l’on retrouve dans l’ancien testament est un
texte commun aux trois principales religions monothéistes (Juive, Chrétienne et Musulmane).
Loin des débats franco-français que nous avons pu lire ces
derniers jours dans la presse qui cherchent comme d’habitude à stigmatiser
l’autre et sa culture en en faisant des tonnes sur ces pauvres bêtes que l’on
égorge cruellement dans les abattoirs spécialisés, nos propriétaires nous ont invités à partager
ce moment de fête avec eux. Celui-ci se vit traditionnellement depuis des
générations et va nous rappeler le cochon que l’on tuait il n’y a pas si
longtemps dans la ferme de nos oncles ou de nos grands-parents.
La fête de l’Aïd commence plusieurs jours avant par l’achat
du mouton qui se fait dans un marché aux bestiaux que l’on trouve dans chaque
quartier. Puis durant une semaine, on voit les enfants promener leur animal
dans les rues, inventant des jeux en tout genre et permettant le
désherbage efficace des bords de route. Cette bête mange tout : mauvaises
herbes, carton, plastique …
Puis le jour de l’Aïd arrive. Le début de la matinée est
consacré à la prière et à la visite dans les familles.
Au moment du sacrifice, on ressent l’excitation des enfants.
Le mouton est entravé puis calmé par les adultes.
On brûle un peu d'encens puis après quelques phrases
rituelles, l'animal est saigné et meurt en deux, trois minutes.
Par une petite incision et à l’aide d’un
compresseur on gonfle ensuite l’animal pour faciliter la découpe de la peau et le dépeçage du mouton.
C’est l’instant que choisi Khalid pour venir nous expliquer ce
que représente l’Aïd pour lui.
« Nous les musulmans, nous croyons à l’âme qui
représente le bien et le juste de notre vie. Le rite de l’égorgement du mouton
symbolise le rejet du contraire de l’âme. L’Aïd est l’occasion de pardonner et
de reprendre contact avec ceux avec qui nous sommes fâchés. Quand nous
regardons quelqu’un c’est nous que nous voyons. L’autre est notre reflet dans un
miroir. Jésus a dit « Si tu n’aimes pas ton prochain alors tu ne crois pas
en Dieu » … Mohamed a dit « Si tu n’aimes pas ton prochain alors tu
ne crois pas en Dieu » … Abraham a dit « Si tu n’aimes pas ton
prochain alors tu ne crois pas en Dieu » … Bouddha a dit « Si tu
n’aimes pas ton prochain alors tu ne crois pas en Dieu » … L’amour est au
centre de tout et ma religion est dans mon cœur. »
La suite de la journée est un moment de fête et de partage en famille où la cuisine est au centre de tout !
Les viscères sont mises de côté.
Ridha prépare les beaux morceaux pour le midi ...
... sous le regard de sa belle-mère qui contrôle les opérations !
Midi : premier repas
Après le nettoyage des boyaux ...
... il faut préparer "l'osben" plat traditionnel réalisé à base d'oseille, de poivre, d'oignons, d'ail, de harissa, de riz cru, de morceaux de boyaux et d'abats hachés et d'un mélange d'épice appelé "tèbeule".
On place le tout dans la panse du mouton ...
... et voilà le résultat final après cuisson.
Après la cuisine c'est l'heure de la vaisselle.
Et un repas de pâtes pour finir la journée.
Une belle journée de partage, de tolérance et de simplicité comme on les aime.
Si nous en avions eu l’occasion, aurions-nous invité une
famille musulmane immigrée isolée à fêter Noël ?
